La vaccination des élèves pose problème, entre accès aux vaccins, accord parental et problèmes techniques, vacciner tous les élèves en si peu de temps et compte tenu de ces lacunes s’annonce une mission impossible pour le comité de vaccination. Que doit-on faire alors pour limiter ces risques ?
La Tunisie entame une troisième année scolaire sous les risques épidémiologiques liés à la propagation du coronavirus. Si pour l’instant les indicateurs sont en perpétuelle amélioration, plusieurs responsables sanitaires mettent en garde contre une nouvelle vague de contamination en octobre, ce qui coïncide avec la rentrée scolaire.
Il n’en demeure pas moins que la vaccination soit une solution pour prévenir une propagation du virus dans le milieu scolaire, mais il est quasi impossible de vacciner tous les élèves en quelques jours pour parvenir à une immunité assez considérable en milieu scolaire. Que doit-on faire alors pour limiter ces risques ? Si pour le comité national de lutte contre le coronavirus la vigilance et l’application des mesures barrières sont les moyens les plus efficaces pour ce faire, pour les syndicats de l’enseignement, il est indispensable d’accélérer le rythme de vaccination des élèves, mais ce n’est pas encore gagné.
En effet, la vaccination des élèves pose problème, entre accès aux vaccins, accord parental et problèmes techniques, vacciner tous les élèves en si peu de temps et compte tenu de ces lacunes s’annonce une mission impossible pour le comité de vaccination.
En tout cas, le ministre de l’Education a mis fin à la polémique. S’adressant aux médias, il avait affirmé que la rentrée scolaire a été fixée au 15 septembre et le système d’enseignement par groupes a été abandonné.
«La rentrée scolaire sera maintenue à sa date habituelle et le système d’enseignement par groupes sera annulé», avait annoncé, en effet, le ministre de l’Éducation, Fethi Sellaouti, expliquant que la «vaccination intensive contribuera à assurer une rentrée scolaire normale». Et d’ajouter: «Il n’est plus possible d’adopter le système d’enseignement par groupes, qui n’a permis de présenter que la moitié du programme éducatif, et parce que ses résultats seront négatifs sur la réussite scolaire et pédagogique des élèves».
Sauf qu’à une semaine de la rentrée, le nombre d’élèves vaccinés demeure faible. Lors d’une journée ouverte organisée il y a quelques jours, moins de deux mille personnes âgées entre 15 et 17 ans avaient reçu leurs premières doses de vaccin. Très loin du compte permettant d’assurer une immunité collective dans le milieu éducatif.
L’éventuel scénario catastrophe
La question de la vaccination place la rentrée scolaire sous tension. Il y a quelques semaines, le secrétaire général de la Fédération de l’enseignement secondaire, Lassaad Yaakoubi, lançait une nouvelle menace selon laquelle la rentrée scolaire n’aura pas lieu avant la vaccination des élèves et de l’ensemble du cadre éducatif. Il évoquait un scénario catastrophe avec le report de la rentrée scolaire jusqu’à la vaccination de tous les élèves.
D’ailleurs, la Fédération de l’enseignement de base a appelé ses affiliés dans les différentes sections à s’organiser pour réussir le boycott de la prochaine rentrée scolaire. C’est une carte de pression qu’elle joue « si les revendications exigées à l’issue de la commission administrative ne sont pas satisfaites ».
Parmi ces revendications figure la vaccination des élèves avant toute reprise des cours.
Face à ces menaces de boycott de l’année scolaire, le ministère n’a pas fait machine arrière et confirmé de nouveau que la rentrée scolaire sera effectuée le 15 septembre quoi qu’il en soit et en dépit de la lenteur de la vaccination des élèves.
Pour le ministère de l’Education, la stratégie de vaccination des élèves sera effectuée par le biais des campagnes intensives et même des campagnes mobiles dans les établissements éducatifs. D’ailleurs, une source auprès du comité national de vaccination contre le coronavirus confirme à notre journal que des campagnes ciblant notamment la tranche d’âge 15-18 auront lieu les jours à venir. La vaccination des mineurs exige, rappelle-t-on, un accord parental pour pouvoir recevoir sa dose de vaccin.
Sauf que les dernières déclarations du Président de la République Kaïs Saïed ont enfoncé le clou dans cette situation de confusion et de flou. Ce dernier, alors qu’il recevait le chargé du ministère de la Santé, a proposé d’exiger un «pass sanitaire» aux élèves pour qu’ils puissent s’inscrire comme solution pour prévenir la contamination.
Or ce « pass » ne peut être obtenu que lorsqu’on a achevé sa vaccination, en ayant reçu les deux doses, au moins, de vaccin, soit trois semaines nécessaires. Donc si on suit la logique du Président de la République, la rentrée scolaire doit être décalée au 1er octobre au moins pour s’assurer de la vaccination de tous les élèves, une mission presque impossible.
La source auprès de la commission de vaccination n’a pas en tout cas confirmé l’hypothèse de mettre en place un système de « pass » pour les élèves, d’autant plus que la plupart d’entre eux ne disposent pas de cartes d’identité, ce qui rend encore plus difficile cette opération vaccination.